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Les valeurs limites suisses – un trompe-l’oeil de première classe

Radiation de la téléphonie mobile

Les valeurs limites suisses – un trompe-l’oeil de première classe

Jean-U. Jacob, 06.02.01

Les valeurs limites suisses sont de plus en plus citées comme modèle vertueux digne d’être imité dans le monde entier. Dans ce contexte, on mentionne toujours les valeurs limites réduites en Suisse à 10 % des normes usuellement appliquées en Europe, mais on ne dira jamais que ces valeurs réduites sont applicables uniquement pour des endroits bien précis.
Cela représente une omission très importante qui confère une auréole à la législation suisse que celle-ci ne mérite pas.

Comme à peu près tous les pays européens, la Suisse applique les valeurs limites d’immissions suivantes :
61 volt par mètre (soit 10 watt/m2) pour des installations émettant à 1’800 MHz
et
43 volt par mètre (soit 5 watt/m2) pour des installations émettant à 900 MHz
ainsi que
50 volt par mètre (soit 6 watt/m2) pour des installations mixtes.

Les valeurs plus sévères dites préventives sont réduites à 10 %, soit à
6 V/m, 4V/m ou 5 V/m, mais concernent seulement des lieux à utilisation sensible.

Sont classés comme lieux à utilisation sensible uniquement :
habitations, écoles et hôpitaux.

En ce qui concerne les places de jeux pour enfants, uniquement celles désignées comme telles dans les plans d’urbanisation sont considérées comme lieux à utlisation sensible. Des places de jeux pour enfants privées ne jouissent normalement pas de la protection plus sévère, même si elle sont d’accès public. Il s’en suit que les enfants sont sensés jouer uniquement sur des places de jeux publiques.

Ne sont pas classés comme lieux à utilisation sensible :
Terrasses, toits en terrasse, balcons, jardins, places de travail ainsi que tous les autres espaces qui se trouvent à ciel ouvert, comme les trottoirs, les rues piétonnes, les places de récréation d’écoles et de jardins d’enfants ainsi que les piscines. Même la cuisine d’un appartement n’est pas un lieu à utilisation sensible puisqu’il s’agit d’une place de travail.

Et voilà le clou de tout:
Les valeurs limites réduites à 10 % n’engendrent aucun coût supplémentaire pour les sociétés du téléphone mobile. Vis-à-vis de leurs homologues européens, elles ne doivent pas apporter pas la moindre modification à leurs antennes et leur puissance. Car les murs en briques et les plafonds en béton armé des bâtiments amortissent automatiquement la radiation de la téléphonie mobile pour les ramener aux valeurs requises de 4V/m, 6V/m ou 5V/m.
Si exceptionnellement cet amortissement naturel ne devrait pas suffire, un léger changement de la direction du rayonnement procurera un facteur d’amortissement supplémentaire. Alors, le calcul sera juste, au moins sur le papier. Des contrôles et mesures officiels sur le terrain ne se font pour ainsi dire jamais.

Ni en France, ni en Allemagne ou en Autriche, je n’ai mesuré à l’intérieur des habitations des valeurs dépassant les normes suisses pour lieux sensibles, ces normes de sécurités vantées à outrance. Puisque ces valeurs ne suffisent pas pour la prévention, les autorités suisses ont depuis peu abandonné le terme valeur de prévention en ne parlant plus que de valeurs limites d’installation.

Mais attention, même ces 4 à 6 volt par mètre ne procurent pas du tout la protection nécessaire! Car d’après le Dr. N. Cherry (NZ), un niveau de seulement 0,04V/m peut déjà troubler le sommeil et réduire la capacité d’apprendre. Et toujours selon le Dr. Cherry 0,48V/m peuvent avoir un effet cancérigène et causer des problèmes de fertilités.

De plus, les valeurs limites de l’installation ne doivent être observées en Suisse que dans la mesure où elles peuvent être atteintes du point de vue technique et de l’exploitation ainsi que du point de vue économique. Si l’entreprise prouve que ces conditions ne sont pas remplies, elle peut obtenir une dérogation.

Actuellement, les tribunaux s’occupent de la question litigieuse qui est : est-ce que les valeurs limites doivent aussi être observées lorsque des antennes de plusieurs exploitants se trouvent sur le même terrain ou dans le même quartier. Les sociétés voudraient obtenir un verdict qui ne prendrait en considération que la radiation d’un seul émetteur et non l’agrégation de tous.

Celui qui dit que les valeurs limites suisses sont „exemplaires et dignes d’être imitées“ prouve soit son ignorance, soit sa volonté de duper le peuple.

Conclusion: Les valeurs limites suisses ne valent pas mieux que celles en vigueur dans les autres pays européens. Dans le meilleur des cas, elles constituent une pilule d’apaisement pour une population en colère. Là où la Suisse l’emporte nettement sur les autres pays, c’est dans la dissimulation de cette réalité par ses autorités.

Toutes les sources non décrites de plus près se trouvent dans l’ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) du conseil fédéral suisse du 23 décembre 1999 ainsi que dans le «rapport explicatif » y afférent. Je souhaite à tous les lecteurs qu’après l’étude de ces documents ils ne manqueront plus d’explications….

…..par exemple au sujet de la disposition accordant aux sociétés exploitantes un délai de sept ans et demi pour assainir la situation, si malgré l’observation des valeurs limites de l’installation, des effets nocifs sur la santé des riverains sont constatés. Sur demande bien fondé, ce délai peut en outre être prolongé de deux ans et demi. Mais pour que la société soit contrainte à prendre des mesures, il est nécessaires qu’au moins 25 % de la population concernée fasse concrètement preuve de dommages à la santé. Et l’on cherche en vain quelles mesures d’assainissement doivent être prises par les sociétés exploitantes dans un tel cas.

Qui a crié: „Zut, quelle maf…..???“

Von Hans-U. Jakob

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